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28 mars 2024 @ Intensity !




4 heures du matin. L’envie d’écrire ne se contrôle pas.

 

Je suis installée dans le salon de mon futur ancien appart. Celui qui m’a emmenée au 8ème ciel. Je m’y suis reconstruite peu à peu, jour après jour, en dégustant tous les matins des ciels de feu, d’orage, de pluie ou de multiples promesses. Je me suis amusée à trouver des formes aux nuages, activité retrouvée par le pouvoir d’un ami qui s’y adonne autant que moi… Je m’y suis entourée de personnes auxquelles je tiens infiniment. Une joyeuse bande d’êtres uniques, sincères, de passionnés qui n’abandonnent jamais leurs rêves, d’empathiques pour qui prendre soin des autres, de tous les autres, n'est pas un mot vain. J’y ai eu des voisins absolument adorables à qui on peut confier des surgelés un dimanche soir pour cause de congélateur pas encore livré et terminer à raconter ses secrets, boire une tisane chaleureuse et lire un Tom-Tom et Nana à une petite fille, collées-serrées… que l’on peut aller chercher un vendredi soir pour cause de porte coincée et terminer à une dizaine, au milieu des enfants, à chercher des solutions, rire, boire un apéro sur le palier, et des propositions de dîner et dormir à l’improviste… Chers voisins, vous allez me manquer. Mais je reste sur le groupe whatsapp pour ne pas rater les fêtes ! De toutes façons, c’est souvent moi qui ait squatté le groupe, coincée à la cave, demandant des conseils de bricolage, un four plus grand pour cause de plat XXL pour une cuisson de lasagnes de rugbyman… vous allez vous embêter sans moi je vous assure !!

 

Tiens d’ailleurs parenthèse. Je me suis achetée une perceuse dévisseuse. Parce que celle que l’on m’avait refilée était toute rouillée. J’étais hyper fière de sortir du magasin de bricolage (j’adore les magasins de bricolage !) avec ma mallette à la main. Je l’ai posée dans mon panier de vélo, bien en évidence. De retour à la maison, prête à retirer mes cadres en moins d’une seconde et reboucher à l’enduit les trous laissés pour récupérer ma caution… Et bien vous savez comment mettre un foret dans le machin vous ? Non mais, sincèrement, c’est inné normalement ? Aucune notice, aucune explication. Nada. J’ai cherché sur le net. J’ai essayé de faire des arrêts sur image. Parce qu’à chaque fois, les vidéos passent de l’étape précédente à l’étape suivante sans s’arrêter là-dessus. Qui est quand même le truc essentiel. Et bien j’ai demandé à mon peintre. En deux secondes, il m’a livré le secret. Dingue ! C’est ça ?! Mais comment aurais-je pu trouver toute seule ? J’ai maintenant l’impression de faire partie d’un clan très privilégié. Celui de ceux qui savent positionner un foret dans une perceuse… vous croyez qu’ils délivrent des diplômes ?

 

Mais revenons à mes voisins. L’un d’entre eux m’a dit « je suis vraiment heureux pour toi, mais je suis triste aussi… nous allons perdre notre soleil ». J’ai failli en pleurer d’émotion. D’autant que cela résonnait avec une phrase que l’on m’a dite il y a peu et qui parle encore d’être un soleil pour quelqu’un… Tous ces soleils qui m’entourent aussi.

 

Je ne vous ai pas raconté mon week-end dernier ? La foliiiiiie ! Vendredi, le mari d’une amie m’envoie un sms pour se confondre en excuse. Il a oublié de m’inviter à l’anniversaire de sa femme, une amie très très chère… ma chérie même ;-))) « Mais c’est à Lille et… mais, mais… je déménage moi ce week-end ! » Le programme est millimétré : 14h, je vais chercher mon camion, à 15h, les copains adorables de mes enfants (mon équipe de l’année dernière avec des nouveaux encore), qui bossent tous au marché des Lices, mon marché complice, viennent me prêter main forte. On y passe l’après-midi et le lendemain… et hop on livre tout dans le garage car le peintre aura fini la semaine prochaine. Et on remet ça le week-end suivant, avec la promesse (on croise les doigts !) de rugbymen pour tout monter au dernier étage. C’est acté, plié, voté… Ce vendredi-là, je suis à Saint-Malo pour dédicacer mon livre des fantômes. Je lis l’histoire à une classe de 28 CM2 trop rigolos, qui vont interpréter Joséphine, Bobby et Annabelle dans une ambiance digne des meilleurs Bercy… Je me retrouve à percher sur une chaise celui qui joue les oiseaux, à lui donner des indications de mise en scène qui font plier les autres : « bien droit, cou redressé, tu es un Fou de Bassan, yeux bleus, bec fuselé, ça rigole pas ! Allez hop, tu as le droit de voleter dans la classe pour aller chercher la lettre ! » Je suis trop bien dans cette petite école à quelques pas de la mer… dans mon élément on pourrait dire. Et tous ces yeux qui attendent le mot suivant… qui attendent que je les épate, que je les fasse rire… Encore un désir pour cette année : remonter les fantômes. On va le faire. Allez, on va le faire. Le soir, je dédicace mon livre dans la chouette agence qui m’a trouvé mon appart. Et je rentre très tard…

 

Le lendemain, on est samedi et c’est marché obligatoire. Si je le rate pour cause de week-end non rennais, je suis toute perdue. D’abord, je n’ai rien à manger car je me nourris exclusivement des produits du marché, ceux des éleveurs, des producteurs… et puis je n’aime pas rater une part de joie et de moments doux de partage autour d’un café-thé et toutes les retrouvailles hebdomadaires avec les gens que j’aime. Alors je suis sur le marché dès potron minet et j’évoque à un ami cher cette histoire d’anniversaire, à laquelle je n’ai pas eu trop le temps de penser la veille puisque j’étais sur la côte (d’émeraude). Et sa réaction va me scotcher : « Quoi ? Mais Isabelle, tu ne vas pas rater l’anniversaire de ton amie ! » « Mais je déménage ! » « Mais on s’en fout ! Tu déménages demain, c’est plié en trois heures… là, tu me fais le plaisir de prendre un blablacar ou un train et tu y vas ! » « Mais il faut que j’aille chercher mon camion… » « Regarde les trains, rentre chez toi, finis tes cartons et hop ! » Bah, oui. C’est évident quoi. C’est qui la priorité ?! Alors, je file chez moi, réserve mon train dans la rue, finis mes cartons, tout en regardant encore cette vue de dingo, le sourire aux lèvres, en bénissant cet ami que j’aime tant, en préparant vaguement un sac avec une culotte, une crème, mon médoc, une tenue épargnée par les cartons et zut mes bottines, je réouvre un carton… vais chercher le camion, reviens, bosse une heure et demi avec les trois super gars qui m’accompagnent. On réussit à mettre tous les meubles dans le camion, avec des fous rires et de la joie. Ils me bénissent d’avoir vendu le piano ! Il est 16h, mon train est dans une demie-heure. Je me retourne « quelqu’un a un scooter ? » « Oui, moi, je vous emmène à la gare ! » La chevauchée fantastique ! Je suis sur le scooter d’un étudiant brillant en médecine que j’adore, qui a bien voulu passer une après-midi de déménagement avec la maman d’un de ses copains. Qui dit que cette génération a tout oublié ? Moi je les aime ! Il me dépose à la gare sept minutes avant le départ de mon train. On est large. On est super large ! Ma vie est un film ! J’adore !!! (oui trois points d’exclamation !).

 

Voyage. Sourire de circonstance vissé aux lèvres. Bande-son « L’amitié » de Françoise Hardy. Sms : « alors, c’est bon ? Tu es dans le train ? » « Oui, merci de m’avoir poussée ! Je suis tellement contente ! » Changement à Paris. Direction le schnord et sa chaleur. Un taxi m’attend à l’arrivée. Une petite douche pour oublier la poussière des meubles déplacés et hop un habit de lumière… Vous auriez vu les yeux de mon amie ! C’est tellement bon ! « Telle que vous me voyez là, je suis en train de déménager !!! » Quelques cocktails, des discours à mourir de rire, emprunt d’émotion aussi… mon amie c’est moi avec encore plus d’énergie, encore plus d’empathie… imaginez le cocktail ! Quand on est ensemble, c’est London, les fous rires, mais les larmes aussi, le soutien sans aucune faille, les surprises, les gauffres Méert, la mer, la générosité à l’état brut et sans aucun chichis… bref je l’aime. On va fermer la piste de danse toutes les deux à 3h30 du mat. Ça tombe bien, j’ai un train à 7h30 pour me ramener en Bretagne vers mes cartons.

 

Voyage de retour. En face de moi, un jeune homme me sourit. Il a l’air d’apprécier ma mine réjouie de bonheur. Sur la vitre : « Laissez-vous rêver »… joli programme que je vais appliquer à la lettre ! Ma meilleure amie de toujours m’envoie un sms : « Un week-end rempli comme un œuf. Cela te va bien cette intensité ». Oui, elle me va bien cette intensité. C’est d’ailleurs le mot qui guide mes jours en ce moment. Intensité.




 

Et déménagement. J’ai dormi 4 heures en deux jours, mais j’ai la patate des gens heureux (ça pourrait faire une chanson ?!). En trois heures et avec l’aide de deux amies, de quelques ados et d’un adorable papa d’un ami de mes enfants que je rencontre pour la première fois… vous le feriez, vous, sacrifier votre dimanche aprèm précieux alors que vous avez peu de temps libre et qu’il fait un temps de rêve, pour une femme que vous ne connaissez même pas ? Et bien, merci, merci, merci, merci encore M…, le roi du Tétris ! Ça y est, tout est de l’autre côté, prêts à monter au 4ème ! Bon, les rugbymen, vous vous décidez ?

 

Depuis, je suis installée sur un matelas à même le sol. J’ai quitté ma chambre orientée nord où je ne me suis jamais bien sentie, malgré un papier peint toucan posé en quête d’espoir de nuits douces… Je suis entourée des livres qui restent, alignés dans mes caisses de vins, des tableaux colorés que je n’ai pas encore emmenés dans mon nouvel appartement, un martin pêcheur porte-bonheur ailé turquoise, un original signé Marie Détrée de mes fantômes amoureux rempli de cœurs et d’oiseaux, de ma table de balcon rouge cerise, ma facétieuse souris anglaise… je vais emmener tous ces objets précieux en fin de semaine vers ma nouvelle vie.

 

Mon nouveau chemin sera un peu moins perché (quoique…), mais tout aussi joli. Plus cosy. Plus chaleureux. Encore une nouvelle page. Et elle va être fabuleuse. Parce que j’y ai ajouté quelques ingrédients de choix. Et des nouveaux projets d’écriture comme autant de promesses de joie. La vie est belle. Intensément.

 

 

 

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