Cela fait longtemps que je voulais le faire ce post. J'en ai marre des Français qui râlent tout le temps. J'en ai ras le bol. Et des mots plombants qui ont envahi notre quotidien.
Des Français qui râlent parce qu'il fait trop chaud. Les mêmes râlaient quand il faisait trop moche cet été. Vous vouliez du soleil ? Et bien en voilà ! C'est trop ? Oui c'est sûr, mais vous n'êtes jamais content en fait ? D'ailleurs là, en fait, il ne faut pas râler, il faut plutôt s'inquiéter…
Des Français qui râlent ce matin en faisant la queue au marché parce que cela ne va pas assez vite. Mais vous venez au marché pour quoi vous ? On fait la queue au marché, on flâne, on retrouve les amis, on cherche la monnaie et on n'est pas pressé ! De toutes façons, on s'en fout, on mangera une galette saucisse sur place et le déj sera plié. Alors on a largement le temps ! Si vous voulez allez vite, mais bon sang de bonsoir, allez au supermarché ou commandez sur internet ! Mais ne râlez pas quand moi j'y suis en tout cas !!
Au marché, on arrive super tôt pour être super efficace, en une heure c'est bon le comté 18 mois d'affinage, un peu plus s'il vous plaît mon fils est là cette semaine, la tomme chèvre-vache, tous les super légumes bio de Marie, des poissons frais comme des gardons (ah ce que j'ai pu baver devant les étals de poissons et de coquilles Saint-Jacques en revenant de Londres…) mais pas aussi beaux que ceux de mon pêcheur (je suis totalement objective), un peu de viande chez mon boucher trop sympa qui a des saucisses paysannes trop bonnes à déguster en apéro ou même avec des bulots et surtout la bavette de mon rugbyman…… et puis on s'installe pour prendre un thé avec une copine croisée, on adore saluer des personnes qu'on aime… et finalement on reste quasiment jusqu'à l'heure fatidique de la galette-saucisse (je t'aimeuh). Le marché c'est en bloc : des tickets de bonne humeur assurée, des super produits tout frais tout bons, des sourires, des rires, des bons petits plats en préparation… et tout le toutim. Avant j'y croisais même mes enfants qui y travaillaient. Oui, j'étais fière. Mais ils sont partis dans une autre ville pour étudier… J'ai toujours ADORÉ les marchés. D'ailleurs les super- ne me voient quasiment plus.
Mais j'en reviens au sujet : derrière moi, ce matin, sur un stand où j'ai mes habitudes, une bonne femme plutôt stylée (c'est toujours celles-là qui font suer) a essayé de me doubler, très discrètement… je n'ai rien dit parce que j'avais le coeur en joie (merci les Bleus) et que je n'avais pas envie de dire quoi que ce soit. Je m'en fiche, je prends mon temps. Je savoure. Sauf que la productrice l'a remarqué et s'est adressé directement à moi. Je lui ai souri. Et l'autre s'est permis de râler. Oui, de râler. "C'est long, c'était à moi, non mais quand même…" Greluche !
Quand je suis revenue d'Angleterre, cela m'a sauté aux yeux. Je n'en pouvais plus des gens qui doublaient et des gens qui râlaient. Une amie m'avait raconté que lors d'un voyage en ferry, devant Douvres, la tempête grondait. Le bateau ne pouvait accoster et faisait des ronds dans l'eau en attendant de prendre une décision. Et bien, tous les Français râlaient, sur la compagnie, sur le temps, sur le capitaine, l'âge du capitaine, la tenue du capitaine, l'équipage… Quant aux English… et bien, ils lisaient le journal, buvaient leur thé… flegmatiques à souhait. Mon amie, un peu interloquée, s'était alors adressé à un habitant de l'île d'Outre-Manche concentré sur son Times : "Excusez-moi, mais est-ce que vous pouvez m'expliquer pourquoi vous ne dites rien ?" et l'Anglais lui avait répondu du tac au tact : "Est-ce que j'y peux quelque chose ?" Nothing else. Easy, non ?
Il y a un autre truc qui cloche vraiment chez nous. À Londres, j'entendais toute la journée : "Enjoy" ! Depuis que je suis rentrée, je n'entends que "Bon courage !" Vous avez remarqué combien de fois on vous le dit dans la journée ? C'est hallucinant ! "Bon courage" quand quelqu'un sort de l'ascenseur avant moi… bon courage ? Je vais rester coincée ? Bon courage de la part d'un élève, quasi tous en fait, à la fin de leur oral de fin d'année… ce n'est pas méchant, mais en fait on le dit tellement qu'on ne se rend plus compte… Je répondais systématiquement "mais je n'ai pas besoin de courage, j'adore ce que je fais, c'est génial de vous écouter !!" "Bon courage !" à la fin d'une conversation avec un ami croisé dans la rue… mais courage de quoi ? Je file en interview rencontrer une personne qui, je suis sûre, sera passionnante… "Bon courage" à la place de "au revoir" en fait, oui les "Bon courage" ont remplacé les "au revoir"… quelle tristesse. Et quel indicateur de toute une manière de penser.
C'est fou quand même qu'on en soit arrivé là… Qu'est-ce qu'il me saoule ce "bon courage"… J'adore mon boulot, je me concentre sur le positif… les personnes qui ENJOY la vie (pardon pour le franglais c'est juste pour rire, je sens qu'il y en a qui vont râler parce que je ne parle pas bien, ah ces gens qui font des fautes d'orthographe, qui parlent franglais, qui disent "je kiffe", vraiment quand même c'est laaaaamentable !). Je me souviens d'une femme qui avait commenté un de mes post en disant "ah la la vous avez dit "je kiffe" vous pourriez tout de même bien parler, vous auriez pu employer un autre terme plus approprié………" "Heu, vous êtes prof ? Vous voulez me donner une note ? Alors, pardon madame mais kiffer c'est dans le dico ! Même dans le Robert (c'est suffisamment sérieux Le Robert ?) : "Prendre du plaisir, aimer bien" C'est l'origine qui pose un problème ? (on n'est jamais à l'abri d'une remarque raciste). Et quand je dis des mots comme ça c'est aussi pour le rythme, pour rire… ça va, on se détend, on s'amuse, je ne suis pas en train de passer le grand oral de Sciences Po… c'est chiant (je fais exprès, hein ?) en fait les gens trop sérieux, les gens qui jugent tout le temps. Allez, on se décoince !
Alors… ENJOY tout ce qui est cool, tout ce qui sourit, tout ce qui rit, tout ce qui est léger, tout ce qui embrase, tout ce qui étreint, tout ce qui est doux… et vous me direz bon courage quand je serai à l'hôpital en phase terminale d'un cancer généralisé parce que j'aurai entendu trop de Français râler… là, oui, j'aurai besoin de courage. D'ici-là, je vais PROFITER un max de cette belle Coupe du monde, de mes nouveaux cours de yoga, de chaque moment avec mon lycéen, d'un coup de fil de mes deux étudiants, de tous mes amis, de nouveaux bouquins, de nouvelles recettes, de mes élèves bientôt. Oui, j'ai trop hâte de les retrouver ! Et je vais KIFFER chaque seconde, chaque minute, chaque jour, chaque semaine, chaque mois, chaque année ! Parce que j'ai le courage (oui là pour le coup il en faut !) de regarder vers la moindre lueur, la moindre étincelle, sinon je serais morte depuis longtemps…
ENJOY ! 😉
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