Ce soir, humeur "Bernard et Bianca".
Dimanche matin je me suis réveillée avec une paralysie faciale. Gros flip. Le gentil 15 m'a sommée d'aller aux urgences où j'ai passé quasi la journée. Urgences que je connais bien, dans cet hôpital où j'ai passé beaucoup de temps depuis une année pour écrire mon livre sur le service de chirurgie cardiaque. Au fait, ça y est, ils l'ont reçu aujourd'hui. Il paraît qu'il est magnifique. Le chef de service est super content. Trop fière. Tellement hâte de le voir. Tellement hâte de faire mon discours devant 300 personnes, devant tout ce service que j'aime infiniment. Ce service qui m'a aidée à renaître. Plus des officiels très très officiels. Rendez-vous jeudi !
Retour aux urgences. AVC écarté (OUF), même si suspecté. Prise de sang, médocs… je suis admirablement chouchoutée par des infirmières adorables et un urgentiste dévoué et très doux. Je ne suis tellement plus habituée à l'empathie que cela me touche énormément. Quand il effleure mon visage pour voir si j'ai un quelconque ressenti, je réalise à quel point cela fait du bien d'être touchée. Je me demande alors combien de temps peut-on vivre d'ailleurs ainsi sans être touchée ? Madeline Roth a peut-être la réponse…
Je réalise alors que ce qui me fait le plus mal, c'est d'être toute seule, là, à attendre. Toute seule à devoir gérer cette nouvelle épreuve. Toute seule comme la petite mamie toute jolie à côté de moi. Seule une amie du côté de l'Angleterre me soutient comme elle peut. Un chirurgien au grand coeur aussi. Une fois l'AVC écarté, les analyses normales, on me dit qu'on ne sait pas combien de temps cela va durer, ni s'il va y avoir des séquelles… super là, je suis super rassurée ! Non, mais il faut me remettre d'aplomb, j'ai un discours moi jeudi ! Un an de boulot, un an que j'attends ça…
La soirée est morne. Heureusement quelques coups de fil salvateurs me remontent un poil le moral. Je finis par m'endormir, épuisée, avec l'angoisse de me réveiller avec une paralysie plus grande. Souvenir d'un zona à la tête où chaque jour je me relevais encore plus déformée… Quelle horreur, pitié pas ça !
Lundi. Je me réveille et là, bonne surprise, cela n'a pas bougé. Je ne peux toujours pas fermer l'oeil, j'arrive à peine à boire, mais bon… ça n'a pas empiré. Visite chez ma géniale généraliste qui me rassure. Qui me dit que cela peut être le stress. Tu m'étonnes. Le stress, évidemment. Mais pas pour le boulot qui fleurit si bien. Plutôt pour autre chose… et je vois bien tout à fait quoi. Pour une lettre, de celle comme on les aime. Et pas le fisc anglais cette-fois. De celles qui veulent remettre en cause vos capacités intellectuelles… La classe infinie a débarqué dans votre vie…
Mon ostéopathe adoré me confirme que, vu ce que je vis, c'est sûrement le stress. Mais la bonne nouvelle c'est que si c'est le stress, cela va régresser plus vite. Merci Patrick, toi, au moins, tu sais rassurer et épauler. Toujours.
Et puis, vous savez quoi ? Ce n'est pas une paralysie faciale qui va m'abattre ! Non de non ! J'ai vaincu bien pire. Je ne suis pas "fragile" ni psychologiquement ni physiquement. Ou plutôt si, je le suis, mais je l'assume et cela me rend encore plus forte. Les personnes qui se relèvent de grandes épreuves sont les plus inatteignables. Alors, je suis allée à la chorale, même avec ma tête de pirate ! Et j'ai réussi à chanter, et j'ai chanté très fort avec toutes mes amies qui ont été épatées. Défilé de bienveillance et de compliments. Tant de soutien, cela fait tellement de bien.
Jeudi, c'est MA journée ! Je vais me faire un super bandeau de pirate pour protéger mon oeil qui ne se ferme plus. Je vais lire mon super discours que je peaufine auprès de personnes que j'aime, même avec une moitié de visage. Et de toutes façons, je n'aurai que des personnes fabuleuses en face de moi. Que des personnes dans l'empathie et la douceur. Qui vont tous, c'est sûr et certain, me porter pour que j'arrive au point final.
Je vais assurer grave et Penny ne sera pas loin… "Courage petite soeur"… Merci Hélène pour ce joli souvenir, on a passé tant d'heures avec ma soeur à écouter ce disque dans notre chambre rose de filles. Que de chouettes souvenirs…
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